Pure Player, perdre son temps à en gagner ?

Les web médias, jeunes, dynamiques et novateurs, ont imposé leur style dans le traitement de l’information. Aujourd’hui omniprésents sur le fil d’actualité de nos réseaux sociaux, ils ont su s’approprier la révolution des écrans. De Brut qui possède depuis 2017 un partenariat avec la chaîne France Info aux médias traditionnels qui ont désormais adopté le format des pure player, l’info est revisitée de fond en comble, pour le meilleur et pour le pire.

Le mouvement des gilets jaunes l’a prouvé, les médias s’étant le mieux adapté aux nouvelles formes de manifestations sont probablement les pure player et leurs vidéos live. Face à un mouvement très mobile, avec des revendications hétérogènes, sans représentants, quoi de mieux que de les interroger en direct et en action ? L’objectif est double, répondre à la vitesse de diffusion de l’information et aux attentes d’un public jeune, adepte du « buzz » et de l’immédiat. Cela a amené les JT de 20h à repenser leurs reportages pour se distinguer. Une chose est sûre, ce n’est pas un effet de mode mais un ancrage profond d’une nouvelle manière de faire du journalisme.

Le « consommateur » de ces pure player accède à l’information partout grâce à son smartphone. Nul besoin d’effectuer la démarche de recherche de l’information, ni même de cliquer, la vidéo se déclenche automatiquement. L’info est là, compacte et anglée. Texte et sous-titres facilitent le visionnage sans son, le séquençage et les musiques rythment la vidéo. L’homo oeconomicus est parvenu à modeler l’information à la demande tout en réduisant ses coût de production. Exposer un fait d’actualité ou divertir, on se perd parfois sur l’objectif final des pure player. 

Les vidéos publiées sur les réseaux sociaux par ces médias ont appelé à repenser le format de l’interview. Si ces interviews ont permis de démocratiser la parole des acteurs de notre société, qu’ils soient artistes, politiques, chercheurs ou simple acteur d’une société civile en redéfinition, elles ont en même temps réduit leur parole à une fenêtre destinée au zapping. L’instantanéité de la vidéo, ses questions courtes/réponses précises permettent certes d’aller facilement au coeur de l’enjeu, mais au prix de la disparition des tâtonnements qui rendent si vivante une interview. 

L’entretien de deux minutes face caméra par exemple se transforme en plaidoyer pour une cause. Tribune où l’objectivité est inexistante. Or, si journalisme et objectivité ont toujours été le fruit de débat, on peut au moins placer le devoir de neutralité dans la définition de l’information. 

Les questions, mises en image sous forme de « cartons » ponctuant deux séquences, sont souvent très indépendantes les unes des autres et ne tiennent pas compte des réponses de l’invité. Les entretiens de Clique présentés par Mouloud Achour, d’une durée beaucoup plus longue ne font pas exception si l’on s’en tient à la succession de ses questions qui ressemblent plus à la lecture orale d’une liste de course qu’à un dialogue. 

La critique d’un manque de recul et de réflexion n’est pas un phénomène nouveau. Déjà à l’apparition des chaînes d’information en continu, on questionnait leur rôle. Le changement réside dans le format et le cadrage thématique d’une vidéo. Avec des sujets consensuels, elles soulèveront rarement le débat.

Hier soir, Arte a fait la promo du documentaire « L’homme qui répare les femmes, la colère d’Hippocrate » en une vidéo de 3 minutes et 27 secondes pour résumer l’action du docteur Mukwege en reprenant des plans du films. Cette vidéo, symptomatique des formats des pure player, est à double tranchant. Celui qui la visionne peut ouvrir le lien pour visionner le film, ou il passera à une autre actu de son compte en estimant qu’il en a assez appris et néglige le film, et son « âme documentaire ». 

S’informer sur des faits et une chose, mais les contextualiser pour les appréhender en est une autre. Ce n’est pas parce qu’on utilise l’image que le temps long ne doit pas primer, au contraire, tirer une vidéo de son contexte, c’est l’extraire du récit pour la dénaturer en brève. Une brève n’informe pas, elle énonce. 

Montant patiemment le niveau d’un Auchan sur l’escalator avec votre caddy à vos côtés, il vous suffit désormais de lever les yeux pour visionner des vidéos Brut sur grands écrans. Alors c’est ça l’avenir de l’information ?

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Pas assez d’info, la vidéo la panacée ?

Les vidéos de pureplayers sur les réseaux sociaux comme Konbini (lancé en 2008) et Brut (lancé en 2016 par Renaud Le Van Kim, ancien producteur du Grand Journal) ont inondé nos fils d’actualités ces dernières années. Il faut dire que les réseaux sont devenus un terrain de jeu privilégié pour ceux qui cherchent à intéresser les jeunes à l’information. Selon une enquête Médiamétrie parue en juillet 2018, les 15-34 ans sont en effet 71 % à privilégier ces réseaux pour chercher l’info. A tel point que les grands médias traditionnels comme le Monde ou France Info ont franchi le pas de proposer à leur tour des vidéos.

Le leitmotiv de toutes ces vidéos : elles n’excédent que très rarement les cinq minutes, comportent des sous-titres permettant de les visionner n’importe où et de passer si tôt fini à la suivante. Des formats qui en plus d’être accessibles à tous les utilisateurs sont aussi très facilement partageables. Certaines deviennent virales et plafonnent à des millions de vues, réactions et commentaires.

Cette pratique de passer de vidéo en vidéo, d’une vidéo sérieuse à une plus humoristique peut poser problème. En effet, quel message retenons-nous quand nous regardons une vidéo d’actualité entre deux vidéos de chat facétieux ou de recettes ? Nous sommes submergés de vidéos à regarder qui en scrollant nos fils d’actualité se lancent automatiquement. On peut donc penser que le temps pour emmagasiner le message, le temps de réflexion est considérablement réduit.

Mais le consommateur de contenus n’est pas le seul à blâmer. On peut douter de la capacité de ces vidéos à recouvrir toute la complexité d’un sujet en moins de cinq minutes. On pense ici particulièrement à Brut qui en deux minutes ne fait qu’exposer à la face du spectateur des faits sans placer les choses dans leur contexte. On peut enfin questionner le recul journalistique et l’objectivité surtout quand il s’agit de contenus sponsorisés qui font pleinement partie du modèle économique des pure players.

Le format court : l’élan vulgarisateur

Pourtant, faire le procès pur et simple de la vidéo sur les réseaux sociaux serait de mauvaise foi. La force de ces pastilles vidéo, c’est aussi d’arriver à être percutante, grâce à un montage dynamique ou encore des animations. Ces outils peuvent ainsi être un formidable outil de vulgarisation à l’image de Data Gueule qui à ses débuts proposait en moins de 4 minutes, un éclairage sur un sujet aussi pointu que le marché des armes ou la question des brevets scientifiques. Des vidéos qui condensent chiffres, informations, faits historiques et qui attirent l’attention du spectateur avec des infographies animées.

Autre exemple Désintox lancé par Libération et Arte. « La France n’aurait plus de constitution ? Les médias auraient caché l’existence d’une manifestation d’extrême droite ? » autant de hoax vues, lues et entendues, qui pullulent sur les réseaux sociaux et sont démontés avec minutie en une vidéo d’1min30.

Tout le monde veut sa part de vidéo

Signe que le format vidéo est un des « nouveaux » filons à creuser pour les médias traditionnels, le lancement en novembre dernier de Culture Prime. Sous ce nom on retrouve un projet mené conjointement par Radio France, France Télévisions, Arte, l’INA et France Médias Monde. Reprenant les codes du format court, ce nouveau média a la volonté de présenter « l’actualité vue par la culture » explique Michel Field au micro de l’Instant M de Sonia Devillers sur France Inter. Alors qu’en ces temps de grogne sociale, de nombreuses vidéos ont été publiées sur les gilets jaunes, qui sont-ils, leurs revendications, etc., Culture Prime prend l’actualité à contrepied, « un petit pas de travers » pour Sandrine Treiner, directrice de France Culture et s’est intéressée à une approche historique de la barricade ou encore de la signification de la couleur jaune présentée par l’historien Michel Pastoureau.

Mais cette nouvelle plateforme peine encore à trouver son public, comptabilisant 13 000 abonnés à sa page Facebook tandis que Konbini et Brut en ont des millions.

Jordan Dutrueux

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Brut, Konbini : révolution ou mésinformation ?

Courtes, percutantes, elles envahissent nos fils d’actualités et nous informent. Les vidéos au format court, diffusées par les pureplayers, fusent sur les réseaux sociaux. Un seul mot d’ordre : captiver l’attention.

Ils se nomment Brut ou Konbini pour les plus connus, et tentent de renouveler l’information par de nouveaux formats courts. Ces vidéos virales se propagent sur la toile à coup de partages. Les sujets traités sont divers mais surtout, prenants. En deux ou trois minutes, vous devez avoir saisi la substantifique moelle, ou presque, d’un sujet. C’est le défi que se sont lancés ces pureplayers pour informer autrement. Brut, c’est 400 millions de visionnages par mois quand Konbini rassemble 10 millions de visiteurs uniques mensuels.

Un format très influent chez les Millennials

La campagne présidentielle de 2017 pensait signer le désintéressement d’une jeunesse pour l’information politique. La réalité apparaît toute autre. Avec l’avènement du smartphone, la nouvelle génération s’est massivement détournée des médias traditionnels, oui, mais pas de l’information.

Les pureplayers ont fait le pari de la jeunesse. Peu encline à s’informer sur les médias de ses parents, la jeune génération se tourne vers de nouveaux formats. C’est ce que constatent dans leurs chiffres d’audience Lucie Beudet et David Creuzot, fondateurs de Konbini, et les amènent à ce constat : « La jeunesse n’est pas recroquevillée dans sa bulle ». Ainsi, avec leurs courtes vidéos parfaitement calibrées pour être visionnées sur un smartphone, Brut et Konbini sont likés, partagés, commentés par la génération 2.0.

L’objectif est d’aller chercher la jeune génération là où elle s’informe. Konbini a trouvé la combine. Avec son récent format « Speech », il offre une actualité accessible, placée sous le signe de la légèreté et de l’humour. Même des médias plus traditionnels espèrent ne pas rater le coche. France Info ou Le Monde usent de courtes vidéos explicatives diffusées sur les réseaux sociaux afin de récupérer cette jeune audience sur leur propre site.

Un pari au risque de désinformer

Aussitôt publiée, likée, partagée, l’information disparaît dans les abysses de notre fil d’actualité. Pourquoi telle information retiendrait-elle plus notre attention qu’une autre ? Peut-être parce qu’elle est plus efficace, plus visuelle voire, fait appel à nos émotions. Le pathos. C’est précisément ce sur quoi s’appuient les pureplayers. Alerte climatique, naufrage de migrants en mer, discours politiques, les sujets sont choisis brûlants, poignants. Le format Brut est très reconnaissable. Des images et vidéos fortes, parfois choquantes, agrémentées de sous-titres brefs, le tout mis bout à bout nerveusement. Et c’est une réussite pour la jeune entreprise qui, après avoir conquis les Etats-Unis et l’Inde, s’attaque désormais à la Chine.

À trop vouloir susciter l’indignation ou « le buzz », le risque est d’éradiquer toute complexité et céder à la simplicité. Relater la victoire d’un match de Ligue 1 en 120 secondes semble un défi raisonnablement atteignable. En revanche, quand il s’agit de détricoter la dernière réforme économique, l’ambition reste louable mais peu crédible. Ou alors, ce serait faire l’économie de la complexité et donc, de la qualité.

Brut a, par ailleurs, fait le choix exclusif des réseaux sociaux. Il est alors dépendant du réseau social Facebook, principale source de son audience À l’aide de son algorithme, l’empire de Mark Zuckerberg choisit l’étendue de l’audience pouvant être atteinte en référençant l’ordre d’apparition des contenus. C’est à se demander quel est le destinataire premier de ce nouveau modèle d’information : l’audience initialement ciblée ou les bonnes grâces de Mark Zuckerberg ?

Azaïs Perronin

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Vidéos sur les réseaux sociaux : manne d’or des jeunes générations ou limbes de l’information ?

De Netflix aux vidéos addictives sur les réseaux sociaux, il n’y a qu’un pas. De par leur durée et leur contenu, ces vidéos ne prétendent pas offrir une information exhaustive, mais elles constituent un formidable moyen  pour attirer l’attention vers de nouveaux sujets. Ceux qui ne font pas la une des médias traditionnels.

Plus de deux millions de vues en moins de vingt-quatre heures. Ce n’est pas le score d’une vidéo d’un chat s’assaillant à l’ascension périlleuse d’un sapin de Noël, mais celui de l’attaque misogyne d’un député européen polonais, diffusée par Brut en mars 2017. Sujets sociétaux et engageants, sous le prisme d’angles percutants, telle est la vague sur laquelle surfent les plateformes de vidéos en ligne. Les opposants à Trump, le féminisme, l’environnement, incarnent les thèmes phares les plus partagés. 

Les réseaux sociaux semblent être devenus une fenêtre sur le monde. Dans la queue de la boulangerie ou en cours, les jeunes font défiler leur fil d’actualité. Une majorité (51 %) de répondants les utilise désormais pour accéder à l’information. Cette source est la première pour 12 % d’entre eux, un taux qui atteint 28 % chez les 18-24 ans. Dans cette même catégorie d’âge, les réseaux sociaux remplacent la télévision (24 %) comme source prioritaire, selon le rapport sur l’information numérique publié en juin 2017, par l’institut Reuters d’étude du journalisme, de l’université d’Oxford.

©Sigrid Olsson/AltoPress/Maxppp ; Friends riding subway looking at smartphone together (MaxPPP TagID: maxstockworld315279.jpg) [Photo via MaxPPP]

Les jeunes et leur smartphone © Maxppp

L’addiction et les passions au coeur de l’information

Certes, les réseaux sociaux exploitent les faiblesses humaines. Avez-vous déjà entendu parler du syndrome FOMSI ? Fear Of Missing Something Important – il devient vital de ne rien manquer. Ce sentiment trouve son origine au sein de l’écosystème de l’information qui caractérise les réseaux sociaux. Pour accéder à des services en apparence gratuits, notre attention constitue le principal moyen de paiement. Il suffit pour cela aux différents sites, applications et services que nous utilisons, de créer des techniques pour susciter l’addiction. Dans Usbek & Rica, Annabelle Laurent explique comment la « captologie », ou science des technologies persuasives, incite les utilisateurs à revenir sur les surfaces au moyen de récompenses ou de notifications incessantes. 

Et quel meilleur moyen pour susciter l’addiction que de jouer sur les passions humaines ? André Gunthert, maître de conférences en histoire visuelle à l’EHESS, identifie « l’économie de l’attention », qui rythme les réseaux sociaux au moyen de contenus misant sur l’indignation, la peur, bref, les pulsions primaires. Du fait d’une occupation ponctuelle de l’espace public, elle mise sur les formats courts et la capacité de viralité d’une information. C’est le pari de Brut. Média en ligne d’information exclusivement diffusé sur les réseaux sociaux, il propose des vidéos courtes, colorées, très dynamiques et explicatives. Elles reposent sur le principe de « conflictualité », les actualités traitées générant une émotion forte et un parti pris de l’internaute. 

Brut et les gilets jaunes : une dimension mondiale

Brut et les gilets jaunes : une dimension mondiale

L’internaute s’indigne, s’engage, partage. Celui-là même que l’on dit distant, indifférent aux nouvelles du monde. Le journaliste pouvait-il rêver meilleur moyen pour capter l’attention d’un public – la génération « désenchantée » – que l’on imaginait perdue à jamais ? Colas Zibaut, responsable de la cellule vidéo de France Inter, y croit. « L’important c’est, est-ce que l’information a circulé ? Est-ce que les gens s’en sont souvenus ? Est-ce que ça leur a apporté des connaissances ? » nous interroge-t-il avant de souligner, « dans une vidéo d’une minute vingt, on va forcément dire moins de choses, mais après il faut se poser la question du ratio. Peut-être qu’un million de personnes ont vu une vidéo d’une minute vingt, tandis que deux-cents personnes ont lu l’article du Monde sur le même sujet. »

Nina Jackowski

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Quand l’info traverse les frontières du web

Courtes, concises sur le fond, attrayantes dans la forme ; depuis quelques années, les vidéos courtes d’informations fleurissent sur le web et donc de nombreux réseaux sociaux comme Facebook et Instagram. Face à une nouvelle génération que l’on dit peu ou pas informée, que révèle ce nouveau média ? Tous les médias lancent leurs propres vidéos en ligne : AJ+ pour Al-Jazeera ou Buzzfeed sont les plus connus sur le plan international. Avec un format innovant, les vidéos courtes d’informations allient actualité, politique, problématiques sociétales et humour. Le but est simple : toucher la génération née dans les années 90. Hugo Clément de Konbini News, par exemple, assume vouloir parler aux « millennials » ; « j’ai envie de parler à la jeune génération » avait-il déclaré en janvier 2018 après avoir quitté Quotidien, toujours diffusé sur TMC.

De l’information brute pour la jeune génération

Lancé en novembre 2016, Brut, notamment présent sur Instagram – propriété de Facebook et application la plus utilisée par les jeunes selon une étude de la banque Piper Jaffray – vise un public résolument tourné vers les réseaux sociaux. Créée par Guillaume Lacroix, co-créateur du groupe de production humoristique à succès Studio Bagel, et Renaud Le Van Kim, « des connaisseurs à la fois du web et des formats d’information » selon Télérama, le média cherche à montrer le terrain sous, sans mauvais jeu de mot, sa forme la plus « brute » possible.

Plus de likes et moins de journalisme ?

Ce que révèle ce nouveau média, c’est une nouvelle manière de faire de l’information laquelle demande du travail de recherche et d’approfondissement de son public-spectateur. Face aux vidéos sur le web, la jeune génération ne peut plus se permettre d’être passive mais se voit dans l’obligation d’interagir avec l’actualité qui inonde ses réseaux sociaux. Qu’elle soit vraie ou fausse, elle entraîne toujours une réaction et fait parler d’elle, ce qui est important dans la mesure où cela amène le débat.

« Nous souhaitons accompagner l’actualité société et politique, sans tomber dans la hiérarchie barbare de l’information dictée par les émissions matinales et les unes des quotidiens. », explique Le Van Kim. La diffusion d’une information qui se revendique différente et intimiste dans sa relation à son public-cible. Critiqué d’autre part pour l’instantanéité de son service, Brut revendique la liberté de ses journalistes et insiste sur le caractère autonome et spontané de leur façon de travailler.

Quid de l’individualisation de l’information ?

Entre Hugo Clément ou Rémy Buisine pour Brut, l’information sur le web prend également une tournure individualiste se rattachant aux modes de société actuelle. Cependant, d’autres nombreuses vidéos délivrant l’information font, a contrario, disparaitre le journaliste qui n’a plus qu’un rôle intermédiaire, posant des questions qui sont effacées au montage. Le sujet se recentre sur la personne qui parle, des témoignages de gens qui regardent directement le spectateur comme s’il s’adressait à lui ; une information plus subjective qui invite à réfléchir et à prendre position.

Des polémiques ont récemment décrédibilisé ce journalisme de l’instant comme Konbini. Le controversé Hugo Clément a été accusé de plagiat pour son reportage sur le cimetière de migrants en Libye, un sujet, avec les mêmes intervenants et la même approche, sur lequel la journaliste Audrey Lebel pour Society auparavant. Cela fait naître une nouvelle fracture au sein du journalisme opposant les indépendants et ceux travaillant entourés d’une équipe d’une quinzaine comme Hugo Clément.

Le format vidéo, d’autre part, permet également de parler aux sourds et malentendants car l’écrit et le sous-titre sont une part importante du modèle numérique actuel ; Youtube permet, par exemple, depuis plusieurs années, à ses abonnés de participer au sous-titrage des vidéos.

Sans cesser de douter constamment de la véracité de l’information donnée via Internet, il serait intéressant de considérer sérieusement l’information web ; sûrement l’avenir des news et déjà 70% de la consommation de l’actualité aux Etats-Unis.

 

Aurore Thibaut

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Brut, Konbini : Les pureplayers bâillonnent l’info

La vidéo s’est imposée comme le format phare des réseaux sociaux au point d’envahir tous nos fils d’actualité. Il est désormais impossible d’échapper aux courts contenus proposés par des pureplayers bien décidés à s’adapter aux pratiques des consommateurs pour bouleverser l’information.

Exit le traditionnel plateau télé et la figure dominante du présentateur, l’information passe désormais par des contenus vidéos courts et simplifiés diffusés sur les réseaux sociaux. Un nouveau mode de consommation spécialement conçu pour les internautes. Et ça marche : la page Facebook de Brut est suivie par 1 800 000 personnes tandis que Konbini regroupe 3 800 000 abonnés sur le réseau social. Un phénomène viral qui interroge tout de même sur la qualité de l’information produite.

Informer à l’ère du smartphone

L’utilisation croissante des smartphones ces dernières années a totalement redéfinie les tendances en matière d’accès à l’information. Les enquêtes sont unanimes sur le sujet : le mobile s’est hissé au premier rang des appareils les plus utilisés par les Français pour accéder à Internet. Une étude de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) révèle également que le temps hebdomadaire passé à regarder la télévision a diminué de deux heures par rapport à 2016, au bénéfice des contenus web. Les pureplayers ont exploité ce terrain fertile avec le format vidéo dont les codes s’adaptent parfaitement à l’usage du smartphone et des réseaux sociaux.

A première vue, le concept à tout d’une promesse alléchante : des vidéos courtes de moins de deux minutes pour dire l’essentiel d’un sujet d’actualité, des phrases concises et des sous-titres afin de retenir l’attention de chacun en toute circonstance. Ajouter à cela un design coloré et des animations dynamiques et le tour est joué. Une formule gagnante puisqu’en 2017 Brut a enregistré 1,4 milliard de vues sur l’ensemble de son contenu. Le public visé par ces formats innovants est essentiellement la génération des 15-35 ans qui utilise principalement les réseaux sociaux pour trouver et relayer de l’information au détriment des médias traditionnels. La vidéo apparaît donc comme la solution idéale face à la désaffection du public pour la presse écrite, et les courts sujets de Brut ou de Konbini pour ne citer qu’eux, permettraient d’inciter les internautes à s’intéresser davantage à l’actualité.

Pourtant, les codes utilisés pour recueillir le contenu s’écartent du modèle traditionnel comme pour attester une rupture avec un système médiatique qui n’attire plus. Le smartphone est particulièrement utilisé pour capturer les séquences afin de favoriser un effet de proximité avec l’internaute. La « dimension amateur » érigée comme promesse de transparence rompt avec les pratiques habituelles du journaliste au dépens de la véracité de l’information diffusée.

La culture du buzz au détriment du contenu

L’engouement pour les vidéos courtes est indéniable, mais peut-on réellement parler de source d’information crédible ? Pour André Gunthert, professeur à l’école des hautes études en sciences sociales à Paris, le format vidéo des pureplayers ne permet pas de comprendre la totalité des enjeux autour d’un sujet d’actualité. « L’autonomie de la vidéo oblige à sélectionner une information autosuffisante et lisible. Sa brièveté interdit tout sujet complexe, et impose une montée en généralité qui est la clé de lecture du format » regrette-t-il. Le traitement superficiel du sujet proposé est la principale critique formulée à l’encontre des productions de Brut, Konbini ou encore Vice.

La vidéo courte possède surtout une grande capacité à stimuler les émotions du public. Ce format délivre une vision très orientée sur une actualité mais n’offre pas d’outil d’analyse pour aller plus loin dans le traitement de l’info. Les pureplayers ont donc tendance à glisser dans le sensationnalisme pour satisfaire leur logique de partage. L’usage du direct, notamment par Brut, répond également à la volonté des internautes d’être informés de plus en plus vite sans prendre le temps de confronter les informations. Les absences de contextualisation, de pluralité des points de vue et de transparence de l’enquête journalistique condamnent pour le moment les formats vidéos courts à la catégorie du divertissement.

Alexis Czaja

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La vidéo : à consommer avec modération

Il y a 10 ans, voir une vidéo sur son portable était un exploit. Les journaux se mettaient progressivement à envisager une présence sur le web efficace. Aujourd’hui un seul mot est dans toutes les bouches : VIDEO. Comme si l’information aujourd’hui ne passait plus que par ce seul format qui se lance automatiquement dans notre fil d’actu.

Car attention, on ne parle pas d’une simple vidéo illustrative, comme une image améliorée. Non, on parle d’une forme qui comme la télé, la presse ou la radio a déjà ses codes bien établis pour rencontrer son public : insertion de gifs, d’extraits de films/séries, de memes… Créer la rencontre entre la culture web et l’info.

Petite musique de fond, habillage facilement identifiable (police blanche de Brut, tryptique bleu/rouge/jaune de Konbini, le vert de Loopsider…) et durée limitée, voilà la recette miracle pour une vidéo réussie. L’enjeu principal c’est d’attirer l’attention de l’internaute (ou de l’humain derrière le smartphone) dans la masse de contenu qui défile sur son écran.

La vidéo s’enclenche seule, sous-titrée (pas besoin d’embêter le voisin de trajet). Quel confort ! On est passif, on n’est pas obligé de relire la phrase pour la comprendre comme un article. L’arrivée des sous-titres a engendré un mode de consommation exponentiel de la vidéo. Cela met fin à la principale barrière : pas besoin du son pour profiter pleinement du contenu. La vidéo est désormais accessible au travail, en cours (oui oui ne vous cachez pas), dans les transports en commun, bref, partout, le tout sans déranger son prochain.
La critique que l’on peut faire à ce format, c’est surtout de respecter les codes propres à l’Internet au lieu de prioriser l’information en elle-même. Nous en sommes tous responsables. Nous sommes les premiers à scroller toute la journée. On s’habitue à ce choix multiple, ce déferlement de contenu, qui autrefois nous émerveillait, tant les possibilités offertes étaient grandes. Aujourd’hui, il nous submerge, nous étouffe.

Plus que l’actualité, ils réussissent à envahir nos fils d’actu Facebook et Twitter en traitant de sujets de société dits « concernants » : minorités, questions de genre, porte-parole d’associations militantes, tels sont les intervenants que l’on retrouve le plus souvent derrière les caméras de ces pureplayers. Parfois, ce sont carrément des tribunes offertes à des représentants d’intérêt. Intérêts souvent louables, certes, mais surtout susceptibles de produire du clic. Brut, Konbini, Loopsider, Franceinfo, Simone, NowThis, Buzzfeed… La liste ne fait que s’allonger, et ces formats innovants à leur apparition se sont imposés comme la mode du jean slim ou le tube de l’été.

La mode c’est bien, le modèle économique, c’est mieux

Un point commun à tous ces médias qui utilisent ce format : la gratuité. Si le confort pour le public est optimal, cela questionne aussi l’avenir économique. La qualité de la plupart de ces vidéos n’est pas à questionner, mais habituer le public à accéder à une information qui nécessite de longues heures de travail et de montage, ne serait-ce pas un peu scier la branche sur laquelle les journalistes vidéastes sont assis ?

Le tout gratuit, c’est aussi accepter que son travail soit bradé et à la solde des clics, des likes, des vues, peu importe son contenu, qu’il ait nécessité 2 heures ou 2 jours de travail. Mais au jeu du clic et de la viralité, c’est rarement le contenu qui en sort gagnant. Ainsi, si le développement massif des contenus vidéos est véritablement un plus pour l’information car il offre une mise en contextualisation et un format percutant, reste à savoir si ces formats courts et gratuits peuvent s’imposer dans le temps. Le succès est actuellement au rendez-vous, mais pour combien de temps ?

La vidéo ne nuit pas à l’information. Au contraire, elle l’enrichit, la vulgarise, la renforce, elle est un atout considérable à l’ère de l’info multimédia. Mais tout miser sur une video diffusée gratuitement et uniquement par le biais des réseaux sociaux, c’est accepter de dépendre des référencements de Google, Facebook et Twitter. Ces nouveaux media dits « indépendants » ne font certes pas partie d’un groupe de presse détenu par un homme d’affaires à la Drahi, Bolloré ou Pigasse, mais dépendent de l’algorithme mis en place par Mark Zuckerberg. L’indépendance à deux vitesses, en quelque sorte.

Marianne Chenou

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Loopsider : ce média social qui éveille les curiosités

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« Regarder. Comprendre. Partager », tel est le crédo de Loopsider qui se veut être pédagogue auprès des jeunes. Image : homepage du site web

Lancé en début d’année,  Loopsider investit les réseaux sociaux pour éveiller la curiosité des jeunes, en « s’adressant à l’intelligence plus qu’à l’émotion ». 

Il est le petit nouveau des médias 100 % vidéo diffusés sur les réseaux sociaux. Lancé en janvier 2018 par Johan Hufnagel (ex-directeur des rédactions de Libération et co-fondateur de Slate.fr), Arnaud Maillard (ancien responsable des activités numériques de Discovery) et Giuseppe de Martino (ancien directeur de DailyMotion), Loopsider est un énième média social qui diffuse de courtes vidéos aux images saisissantes. Mais à la différence de Brut qui a popularisé les vidéos d’informations en adoptant les codes de l’info-tainment (information-divertissement), Loopsider souhaite « s’adresser à l’intelligence plus qu’à l’émotion ».

« Si ça vous intéresse, maintenant vous pouvez chercher »

Pas de fil d’informations sur un site web mais de courtes vidéos partagées sur les cinq médias sociaux les plus visités par les 15-35 ans sur la Toile : Facebook, Twitter, YouTube, Instagram et Snapchat. Le projet de lancer Loopsider est parti d’un « diagnostic implacable » selon Johan Hufnagel, qui évoque trois profondes mutations des habitudes de « consommation de l’information » : la mobilité, l’accès quasiment illimité à l’image, et une consommation non linéaire de l’information.

En d’autres termes, aujourd’hui, le mobile demeure le principal support d’informations des jeunes. Un public qui ne fait plus la démarche de se rendre sur les sites web d’informations des médias généralistes, ni d’être assis devant la télévision à la grande messe du 20h. Loopsider a donc été pensé en tentant de répondre à une question cruciale : comment atteindre un tel public, dont les usages ne sont pas en phase avec les médias traditionnels ?

Ce n’est pas parce qu’on a 15 ou 20 ans, qu’on est condamné à consommer de la merde sur les réseaux sociaux, estime Johan Hufnagel, directeur de la rédaction de Loopsider. 

Une solution évidente s’impose alors : ce n’est pas aux jeunes d’aller chercher l’information mais aux médias d’aller vers eux, là où ils se trouvent…. Sur les réseaux sociaux. Mais comment se distinguer de ses cousins comme Brut et Konbini, qui combinent information et divertissement pour attirer l’attention du jeune public ? Selon Johan Hufnagel, la proposition éditoriale de Loopsider est avant toute chose « une façon d’intéresser les gens à des sujets sur lesquels ils s’informent peu ». « On se veut pédagogue, on veut éveiller la curiosité des jeunes », confie-t-il, estimant que « ce n’est pas parce qu’on a 15 ou 20 ans qu’on est condamné à consommer de la merde sur les réseaux sociaux ». « Cette info là elle existe, vous ne la connaissez peut-être pas. Si ça vous intéresse, maintenant vous pouvez chercher », ajoute-t-il.

« Des sujets qui peuvent créer de nouvelles conversations »

Loopsider diffuse des images saisissantes, qui d’une façon ou d’une autre, restent ancrées dans la mémoire du « vidéonaute ».  « Regarder. Comprendre. Partager ». La ligne éditoriale de ce nouveau-né du web se résume à ces trois actions.  Les 6 journalistes-monteurs de la rédaction choisissent les sujets qui seront mis en images à la suite d’une collecte de données. « On essaie de chercher sur les réseaux sociaux ce qui va être les conversations du moment » explique Johan Hufnagel.

On essaie de défendre un monde plus inclusif, Johan Hufnagel. 

À la différence des journalistes d’investigation qui occupent le terrain, les journalistes de Loopsider prennent le pouls d’une « France virtuelle » en naviguant sur les réseaux sociaux. Par exemple, si le changement climatique revient régulièrement dans les échanges entre les internautes inscrits sur Facebook, Twitter ou Instagram, Loopsider se saisit du sujet sous un angle peu évoqué par les médias traditionnels. « On essaie de défendre un monde plus inclusif. C’est important de montrer que ces préoccupations sont générales. On sera touché par le changement climatique qu’on habite à Chataudain, à Saint-Nazaire ou au Niger ». De cette manière, Loopsider espère faire réagir, avec « des sujets qui peuvent créer de nouvelles conversations »

Quant à la qualité des informations transmises par les vidéos courtes sur le web par rapport aux médias dits traditionnels, le directeur de la rédaction de Loopsider considère qu’ « il s’agit d’un faux débat ». Tout serait une question d’usage selon lui. « Nous, on opte pour le format rapide. Les opposer en termes d’usage, oui mais en termes de qualité non », affirme-t-il.

 

Caroline Robin

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Les vidéos de l’info dans les limbes des algorithmes

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Difficile de passer à côté des vidéos lorsque l’on navigue sur le web. On les trouve sur les plateformes comme Youtube ou Dailymotion, elles sont intégrée dans les blogs et sites internet, ou encore surgissent lorsque l’on scrolle sur les réseaux sociaux.

Désormais, chaque minute dans le monde, le nombre de vidéos visionnées sur Youtube dépasse largement celui des recherches sur Google. Elles deviennent un incontournable.

Les médias traditionnels s’adaptent en intégrant ce nouveau support, pendant qu’apparaissent des contenus natifs comme Brut, et Kombini news. Ces nouveaux supports s’accompagnent de codes formels novateurs : une durée courte, des séquences dynamiques, un graphisme épuré, et des surtitres afin que l’absence de son rende la vidéo compréhensible à qui voudrait la regarder en toute discrétion, au bureau ou dans un amphithéâtre. Clarté, concision… En une poignée de minutes, sans effort de concentration considérable, l’internaute peut donc s’informer et obtenir quelques informations clés sur un sujet.

Les réseaux sociaux à l’abordage

Mais derrière ce nouveau support des vidéos du web se cache un nouvel acteur, quasi tyrannique : la figure du programmateur. Dans une rédaction, les journalistes, sous le contrôle du rédacteur en chef, décident des sujets à mettre en évidences en une. Il en est de même pour les télévisions, les radios, et même pour les blogs. Mais lorsque les vidéos sont diffusées via les réseaux sociaux, notamment Youtube et Facebook qui concentrent une grande partie du trafic, les priorités ne sont plus fixées par le média en lui-même, mais par d’obscures lignes de code informatique.

S’abonner à des vidéos sur un réseau social, ce n’est pas comme s’abonner à un journal : il y a peu de chances pour que l’intégralité du contenu produit par le média soit mis dans dans la boîte aux lettres virtuelle de l’utilisateur. Monsieur le facteur, c’est l’algorithme. Il décide quoi mettre dans la boîte aux lettre en prenant en compte plusieurs critères.

Mais à part les développeurs et les dirigeants des réseaux sociaux, personne ne sait avec précision comment fonctionne le cerveau de ce facteur : il sera attentif à nos interaction, ce qu’on partage et avec qui, pour suggérer du contenu pertinent. Mais la formule secrète? Elle n’est pas publique. Dommage, lorsque l’on réalise l’importance que cela peut avoir sur l’opinion publique, et les répercussions politiques potentielles, comme on l’a découvert avec l’affaire Cambridge Analytica (ici, une vidéo explicative non-générée par un algorithme).

L’écume des réseaux sociaux

On regarde parfois les vidéos informatives lorsque l’on veut apprendre de nouvelles choses, ouvrir nos horizon sur des thèmes d’actualités. Or, on s’aperçoit vite qu’à trop vouloir séduire l’utilisateur, le réseau social l’enferme dans une bulle, un amas de vidéos sur des thèmes dont il est déjà familier. Tout comme démarrer un clip d’Angèle sur Youtube aura de fortes chances de vous mener à une musique d’Eddy de Pretto ou d’Orelsan en lecture automatique… Pas de quoi renouveler ses goûts musicaux! Les vidéos du web comme Brut ou Konbini font face au même biais, même si on ne peut leur enlever leur qualités de vulgarisation. Plus besoin de trancher entre mémoire auditive et visuelle, les deux sont sollicitées dans un dynamisme captivant. Le ministère de la culture a même récemment recommandé aux professeurs 350 chaînes Youtube, pour susciter chez les élèves l’envie d’apprendre.

Par contre, les pure players sont très dépendants du moindre changement dans les algorithmes et doivent alors faire face à ses contraintes. Si par exemple les programmeurs décident de donner plus d’importance aux commentaires, voilà que les timelines seront submergées vidéos comme Top 5 des raisons de dire « chocolatine », avec à la clé de vifs débats en commentaires.

Les réseaux sociaux offrent aux pureplayers des canaux de diffusion, et ce nouvel espace online est à l’origine d’un modèle économique nouveau, où les GAFAs sont souverains. C’est à eux qu’incombent la responsabilité éthique de la distribution du courrier au monde, maintenant que plus de  la moitié de la population est connectée à internet. Aujourd’hui, l’opacité des algorithmes ne permet pas de les contester, et les intérêts des utilisateurs ne sont pas représentés dans leur élaboration.

Les vidéos du web ont un fort potentiel d’information : elles sont captivantes, interactives, et peuvent réunir un large public. Mais sur les réseaux sociaux,  ces contenus naviguent en eaux troubles.

 

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Konbini, Brut, Buzzfeed : les « pureplayers » de marque

D’après une étude de l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias menée en janvier 2017, 53% des Français s’informeraient exclusivement par la presse numérique. Une nouvelle manière de s’informer et d’informer, s’adaptant à une nouvelle génération d’ « hyper-connectés ». Un terreau fertile pour l’émergence de nouveaux médias, des pureplayers, exclusivement présents sur Internet.

L’actu, version « pop »

Buzzfeed, Konbini ou Brut sont des nouveaux médias, des « pureplayers », s’imposant dans les fils d’actualité Facebook ou Instagram. Leur présence ? Purement digitale. Leur objectif ? On pourrait le résumer par le slogan de Konbini : « all pop everything ».

« Nous souhaitons accompagner l’actualité société et politique, sans tomber dans la hiérarchie barbare de l’information dictée par les émissions matinales et les unes des quotidiens», confie Renaud Le Van Kim, créateur du Grand Journal et co-créateur de Brut, dans une interview à Télérama en novembre 2016. Une information voulue plus verticale, moins clivante, bref plus jeune. Et pour cela, Brut, comme ses homologues pureplayers, suivent un schéma précis. Des formats courts, des phrases concises et des interfaces colorées. De l’information oui, mais en trois minutes maximum, pour des milliers de vues et presque autant de commentaires.

Des multinationales au capital

Date de naissance de Brut : 2016. Celle de Konbini : 2008. Des nouveaux-nés, dans le monde changeant, évolutif et un rien cruel du journalisme en France. La presse écrite décline, la radio surfe sur de mauvaises ondes, comme Nova qui connaît des difficultés structurelles après les changements institués par Matthieu Pigasse. Comment les pureplayers se sont-ils donc financés ? La réponse tient elle aussi dans un anglicisme : le brand content.
Un marketing de contenu qui associe une marque à une offre de média. Plus simplement, des marques sponsorisent ou co-produisent les contenus de ces médias. « Très vite, des investisseurs et des fonds sont entrés au capital et une trentaine de grandes marques dont Orange, Kraft Foods, Nike, Levi’s, Citroën sont venus sponsoriser ou co-produire des contenus avec nous », expliquent d’ailleurs David Creuzot et Lucie Beudet, heureux fondateurs de Konbini. Voilà une autre réalité. Derrière les interviews d’Angèle et les images percutantes des gilets jaunes, un contenu téléguidé par des multinationales. Une logique qui bouscule quelque peu les idées d’objectivité et fait craindre la collusion entre la communication d’une entreprise telle que Nike et la ligne éditoriale d’un média.
Le brand content, même si il n’en est qu’à ses débuts dans l’hexagone, s’est implanté dans des rédactions anciennes tels que les Echos. Christophe Victor, directeur général du quotidien, travaille depuis sa nomination à développer le secteur du branding. En janvier dernier, le groupe a racheté Pelham Medias, un studio de création spécialisé dans la promotion des marques, venus grandir les rangs des Echos Publishing, l’agence interne. Au final, 130 personnes travaillent à la communication d’entreprise, pour un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros.

De l’éthique à l’étiquette

La barrière entre communication, sponsoring et actualité devient ténue. Quelle place joue l’information, la vérification des sources, l’enquête de terrain dans les schémas des pureplayers, comparé à l’aspiration « à innover et proposer une « user expérience » cool » ?
La simplification de l’information initiée par ces médias est d’ailleurs pointée du doigt. Raillant la schématisation à l’extrême des contenus de Brut, «Gneu », site d’actualité reprenant les codes de Brut, en fait une parodie. Leur slogan : « Gneu, suivez un média qui ne sait pas où il va ». Une caricature, qui laisse toutefois pensif face au succès grandissant de ces nouveaux médias, et à l’asphyxie croissante des rédactions traditionnelles.

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